▬▬ Caractère :
Raphaël a bien souvent fui les miroirs pour échapper à son reflet, sa propre illusion. Si les peurs des autres ont modéré ses poussées d’adrénaline, il en reste une qui le hante et qui ne cessera de le hanter. La peur de lui-même, la peur de cet inconnu.
Raphaël est quelqu’un d’inconstant à cause de son don particulier qui nourrit la névrose de son esprit. Cependant le désordre mental qui le caractérise n’est pas ébruité parmi les élèves de l’Institut. Ses crises d’hallucinations démentes se font rares depuis qu’il est pris en charge par ses professeurs. Ainsi, la noirceur de son âme se dissimule aisément aux yeux des autres derrière les traits d’une personnalité discrète voire réservée. Les cicatrices laissées par la découverte de son don lors de sa préadolescence l’ont laissé flirter quelques mois avec une certaine forme d’autisme. Assiégé par des peurs qui ne lui appartenaient pas, Raphaël s’était alors détaché de ce monde qu’il ne comprenait pour vivre dans une bulle de ténèbres et d’insanités.
Le cracheur de cauchemars garde un certain détachement comme vestiges de son passé que l’on prend aisément pour de la timidité et aborde l’autre de façon distante. Rêveur malgré son enfance au dénouement tragique, Raphaël aime se perdre dans des romans afin de se laisser porter par sa propre imagination et non par les visions que ceux qui l’entourent lui imposent. C’est certainement la façon la plus efficace qu’il ait trouvé pour calmer la gangrène de son esprit. Lors de ses états de raison, Raphaël est particulièrement vif et, est capable d’établir de bien pertinentes analyses nourries par un gout prononcé pour les études et une soif de connaissance développée. De nature curieuse, le jeune mutant s’intéresse à de nombreux sujets et depuis quelques années à tout ce qui attrait à la neurobiologie. Raphaël a conscience que son don le contraint à un régime de vie strict et que sa schizophrénie gangrène toujours malgré la maitrise de son pouvoir apporté par la tutelle des X-Men.
En murissant, Raphaël est parvenu à développer sa connaissance des peurs d’autrui en une certaine forme d'empathie qui lui confère une sensibilité notable à l'origine d'un relationnel assez agréable malgré son naturel réservé.
Le jeune mutant n’éprouve aucune haine ou autre rancœur à l'égard des humains. A vrai dire il n'a jamais vraiment été rejeté par les humains eux mêmes, c'est de lui qu'est venu son isolement. Conscient de l'horreur dans laquelle il est susceptible de plonger un être, il s'est lui même mis à l'écart du monde des humains par respect pour eux. Le jeune mutant conçoit la peur qui est associée aux mutants, cette peur de l'inconnu qu'il partage en un sens. Il prône ainsi la tolérance et le respect refusant de nourrir le nuage haineux qui s'épaissit de plus en plus, alimenté par la crainte de l'autre.
▬▬ Histoire :
Je vous ferai grâce de la narration de mon histoire dans ses moindres détails pour ne vous dévoiler que les rouages de mon identité nécessaires à mon appréhension. Les noirs desseins de mon inconscient se révéleront entre les lignes du récit de ma genèse en tant que mutant.
Il s’agit de l’histoire de ma folie, l’histoire de ce rêve insaisissable que j’ai pourtant saisi, l’histoire de ma chute. C'est l’histoire de ma vie, l’histoire d'un ciel étoilé qui a perdu ses étoiles, l’histoire du deuil de mon humanité…1. Auriez-vous peur de nous ?
Je naquis au sein de l’état de Californie, à Los Angeles entre les murs de la coquette maison des Sevensson. D’aussi loin que remontent mes souvenirs, mes parents me donnèrent toute l’affection qu’un enfant puisse rêver et je grandis dans un cocon douillé empli d’amour. A cette époque, je nageais dans ce que la jeunesse a de plus beau. Ainsi je posais mon regard candide sur ce monde que je ne comprenais pas et qui se mouvait autour de moi le sourire aux lèvres, me conférant toute l’attention qui m’était due. Je fus un enfant particulièrement éveillé portant tout l’intérêt que j’avais pour ce qui m’entourait en ma grande curiosité. Dès mon plus jeune âge, je m’amusais de formes et de couleurs. Je rendais à mes géniteurs leur amour par un grand enthousiasme transparaissant de ma bouille de chérubin souriante à souhait. Autant dire que mes parents me hissèrent sur un piédestal, un trône orné de dorures dont j’allais sombrer lors de mes années d’école. Dès lors, je quittai mon couffin de candeur.
Lorsque j’entrai à l’école maternelle, côtoyant d’autres enfants avec leurs joies, leurs pleurs et surtout leurs peurs, je commençai à exprimer les craintes que je percevais de ce brassage d’émotions. Ainsi, dans le dessin, dans le maniement des couleurs qui sont pour un enfant les premiers moyens d’expression, je tentai de recréer ces étranges univers moroses qui venaient me visiter la nuit. Les couleurs sombres côtoyant la fureur du rouge en des traits vifs, secs, stricts marquaient la plupart de mes dessins. La débâcle de traits agressifs restait néanmoins bien trop abstraite pour toute interprétation de la part des adultes. Mes croquis apparaissaient seulement comme transparaissant d’un choix étrange de couleurs. Ainsi on me suspecta atteint de daltonisme, hypothèse rapidement écartée lorsque mes parents m’emmenèrent passer divers tests auprès de spécialistes. On m’invita à faire glisser les pointes de feutres sur une feuille blanche, ainsi je retranscrivais ce qui me parvenait lorsque je fermais les paupières. Des êtres difformes évoluant dans un univers inquiétant et toujours l’omniprésence des ténèbres. Alors que les enfants de mon âge avaient tendance à colorer leurs dessins de suaves couleurs, les parsemant de détails agréables tels de jolies fleurs, je noircissais pour ma part le papier avec toute la cruauté qui m’oppressait et dont je désirais me débarrasser. La conclusion de ces séances ne fut qu’évasive et la question des couleurs finit comme supplication lancée au vide.
Mes parents me donnèrent deux petites sœurs, Maeva lorsque j’attins l’âge de cinq ans puis Sarah deux ans après. Toutes deux possédaient la blondeur de ma mère, j’étais quant à moi toujours nanti du regard inimitable de mon paternel. J’ai toujours été attentif à mes deux cadettes et avec le recul je comprends que déjà je percevais les prémices de ce qui allait se dérouler durant ma préadolescence. Si Sarah restait souvent dans les bras de ma mère ou dormait tendrement, Maeva passait beaucoup plus de temps à mes côtés. Nous jouions ensemble, nous rigolions, nous sourions à la façon des enfants. Peu à peu, je développais à son égard une étrange empathie que je pris tout d’abord pour le lien fraternel qui nous unissait. Mais il n’en était rien. Poser mon regard dans le sien, caresser son épaule pour la réconforter, tous ces petits gestes que je qualifierais aisément d’humains nourrissait ma différence. A défaut de sentir ses désirs, je pressentais les détails qui l’attristaient et je les corrigeais.
Ainsi, je ne lisais pas les mots mais les émotions négatives. Je commençais alors à ressentir la chimie de l’Homme. La débâcle de ses putains d’hormones qui nourrissait mon hypersensibilité.
2. Névrose et ruine de ma raison
Agé d’une dizaine d’années, j’avais l’habitude de côtoyer d’autres enfants par l’intermédiaire de l’école. J’étais, à cet âge, encore bien insouciant et parvenait à me lier sans ressentir le revers de l’affection. Le brassage émotionnel dans lequel je baignais ne tarda pas à me déséquilibrer, et, flirtant avec d’étranges états de torpeur en lesquels j’accomplissais de bien sombres croquis, je glissais vers mes treize ans. Elève appliqué et plutôt doué, personne ne se posa de question sur mon hypothétique mal être, comment pouvais-je ne pas aller en excellant ? Ainsi personne ne se rendit compte que mes nuits devenaient de plus en plus difficiles et que la timidité qui me caractérisait m’enferma en une coquille de démence.
Lorsque j’atteins l’âge de treize ans, mes nuits devenaient synonymes d’enfer. Dès mes dix ans, j’avais pris la décision de garder cela pour moi, je continuais de dessiner comme pour me décharger et cachais mes œuvres teintées de ténèbres. Tout cela devint alors bien trop lourd à supporter. Je me réveillais en pleine nuit dans de profondes crises d’angoisse, hurlant et suant comme un dément. Une situation qui devint rapidement insupportable pour mes géniteurs, mes deux frangines et accessoirement pour moi. C’est lorsque la fatalité s’emmêla et que mes nuits furent, sans exception, ponctuées de crises parfois d’une grande violence, allant jusqu’à me faire couler le sang. Le spectacle de mes draps empourprés mêlant mon hémoglobine à ma sueur terrifia mes parents qui commencèrent alors à quémander l’avis de divers spécialistes américains pour obtenir une réponse autre que le mutisme que je leur offrais. A la question : que t’arrive t’il ? Que vois-tu ? Je ne pouvais décemment répondre que je voyais se dessiner dans les ombres des scènes d’épouvantes, des créatures fantasques, des accidents de la route ou le vide. Je fus alors diagnostiqué de psychotique. On désira me traiter par la psychanalyse auprès d’un spécialiste qui consultait sur Philadelphie. Ma famille déménagea donc, jugeant bénéfique de commencer une sorte de nouvelle de vie, dans une nouvelle maison. Un changement d’environnement qui serait bénéfique au traitement que l’on m’imposait. Je considérai cette sentence comme factice, on me traitait de fou car je ne répondais à aucun symptôme conventionnel. Par lâcheté, je me tus et suivis sans broncher. J’étais effrayé. On m’avait diagnostiqué de névrosé, j’acquiesçais, prêt à suivre le terrible traitement que l’on me réservait pour expier les images de ma tête, masqué sous l’affreux nom de psychanalyse.
3. Genèse en tant que mutant
La psychanalyse, dont le nom me semblait de prime abord barbare, me permit d’extérioriser l’immensité d’émotions, d’amour, de haine, de joies et de pleurs que j’avais accumulé mes 15 premières années. Les vertus curatives du dessin étaient finalement bien limitées et même si je continuais à me décharger une mine de plomb à la main, le vecteur de ma communication se confortait dans mes mots. C’est entre les murs du bureau du spécialiste que je contais les peurs d’autrui, tout du moins ce que l’on qualifiait de visions. Les scènes que je voyais et que je ressentais étaient d’une effrayante précision. Mes yeux voyaient ce que les yeux des autres ne voulaient voir à aucun prix. La sentence ainsi prononcée, je m’évertuais à tenter d’expier le venin de mes veines en discutant une heure par jour avec ce parfait inconnu qui n’avait de cesse de sonder mon esprit dérangé.
Je me pris finalement au jeu, considérant mes troubles comme une maladie à part entière qu’il me fallait guérir. Le soutien de mes parents était bien présent. Le déménagement à Philadelphie m’avait apporté beaucoup de bien, j’avais laissé mes nuits agitées et ces infâmes visions derrière moi. Enfin ce fut ce que je pensais. Malheureusement pour moi, cette transition ne fut qu’illusoire et bien vite je me rendis compte que le recul que je prenais quant à ma situation n’allait que me projeter dans une spirale infernale où je ne contrôlerai absolument plus rien.
Mes cauchemars reprirent de plus belle, nantis d’une intensité sans précédent. Les figures de mes journées se mêlaient entre elles dans une dynamique effrayante. Véritable mécanique emballée que je ne pouvais stopper, les images commençaient à m’arriver même en pleine journée. Ainsi, un contact prolongé avec n’importe qui s’achevait sur des visions en lesquelles je voyais se mêler mon interlocuteur et mes cauchemars. A cette époque, j’avais l’impression de me situer à la frontière entre deux mondes comme détaché de toute réalité. Mais mes visions prirent vite le gout bien amer de la réalité. Mes visions se faisaient répétitives : pour une même personne, les mêmes visions revenaient. Lorsque je me décidais à en parler avec ma génitrice un tout autre phénomène eu lieu. Alors que je tentais de décrire avec le plus d’exactitude possible mes visions la concernant, celle-ci se mit à subitement pousser un cri d’horreur. Glacé par ces vocalises abyssales, je restai dans un état second tandis que les larmes de ma mère coulaient à flot sous la charge émotionnelle qui l’assiégeait. Elle me conta ensuite que la scène que je décrivais lui était parvenue dans son propre esprit, que les visions qui assiégeaient mon esprit s’étaient transmises de ma tête à la sienne.
Dès lors il ne m’était plus possible de garder ma différence pour moi, celle-ci était révélée au grand jour lorsque je fréquentais du monde. En proie à la panique, à me demander si je pourrais un jour encore regarder une personne dans les yeux sans craindre de mutiler son esprit avec l’arme la plus acérée qu’il soit, sa propre peur. Mes parents, conscients de mon infini malaise et des difficultés sociales auxquelles je me heurtais, me présentèrent une école pour enfants surdoués qui restait ma seule chance d’évoluer et de me maitriser. Nouvellement affublé de nom de mutant qui était resté tabou jusqu'à présent, j’entrais ainsi entre les murs de l’Institut Charles Xavier vidé de toute essence.
▬▬ Présent :
Cela faisait quelques années que j’avais quitté le domicile de mes parents, laissant derrière moi mes deux petites sœurs dont l’absence m’avait, de prime abord, plongé dans un sentiment de torpeur. Je me sentais vidé de l’essence qui coulait dans mes veines. J’avais refusé de franchir le seuil de l’Institut avec le fardeau de mes souvenirs. Ainsi je fis le choix de me détacher des mes années passées à feindre l’humanité et à me convaincre de mon identité en tant qu’homo sapiens. Tout cela n’était finalement que vaine entreprise.
Mon entrée entre les murs de l’école pour mutants m’apparaissait comme une véritable rupture avec ma vie passée. Mon humanité arrachée par la mutation, je me retrouvais seul. Seul avec comme unique compagnie cet autre que je ne connaissais pas et dont je n’avais d’ailleurs jamais voulu accepter l’existence jusqu’à qu’il devienne trop lourd à cacher. Nourri par l’immensité de mon malaise, je ne pouvais plus le cacher. Ainsi avait commencé la chute. Je ne connaissais pas grand-chose à l’histoire de cette école, d’ailleurs j’ignorais la plupart des évènements ayant marqués l’actualité des mutants. Je ne m’étais jamais considéré comme tel, essayant de m’imprégner du souhait de mes géniteurs à me croire atteint d’une maladie quelconque à l’origine de mes troubles. Je compris l’erreur de mon refus de la mutation dès mon entrée entre ces murs imposants à l’architecture grandiose. Du rejet de mon identité était né un combat qui avait toujours échappé à mon contrôle. J’avais par le passé brandi les armes contre mon ennemi, ce Moi que je désirais éliminer. Seules des larmes résultaient des batailles. Et de ces larmes diffusait la fureur qui obscurcissait ma raison.
Seuls Charles Xavier et ses subalternes ont accepté de m’accueillir dans l’espoir d’une rédemption. Force est de constater qu’aujourd’hui, à défaut des canons je brandis un tissu blanc bien que maculé par endroits par les rouages de mon passé. Faisant mienne la philosophie des X-men, je combats la peur. Et à ceux qui la cultive, je promets les lames sans larmes.
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